LE BRUYANT SILENCE DE TÉVENNEC

Tévennec, au milieu de l’océan est le domaine du bruit permanent ou le silence règne. A toute heure du jour et de la nuit la mer fait entendre sa présence. Les jours de grand calme sont rares mais elle est là, elle chuinte au pied des roches. La nuit elle m’appelle. Je serai tenter d’y descendre, de voir ses phosphorescences dans l’obscurité, sa dentelle blanche qui se trémousse comme pour me provoquer. Mais je refuse cette emprise. Céder au chant des sirènes serait se mettre en danger. Si elle hausse le ton, la petite voix devient tonnerre. Elle annonce sa colère montante par de sourds grondements qui vont crescendo jusqu’aux détonations que provoque sa lutte contre l’ennemi qui lui barre la route. Et pourtant le silence règne. Les instruments du vent s’invitent à ce concert. Leur registre est celui des sifflements, des miaulements. Leur souffle profite de chaque obstacle, de tout passage resserré, des fenêtres fuyardes. Ils se développent dans la tour en harmoniques d’un autre monde pour se perdre en réverbérations dans mon esprit. Et pourtant le silence règne dans cet ailleurs où je suis. Au long cours des semaines, la permanence de ces sollicitations sonores ne m’affectent plus. Je les entends mais ne les écoute. C’est une basse continue sans harmonie. Serais-je le solo qui fait défaut ? Non, ma musique est intérieure. Le silence est un abîme personnel rédempteur. Il est l’alpha et l’oméga de la pensée.

Marc POINTUD

Depuis TÉVENNEC par 48°04’17 Nord et 04°47’43 Ouest par vent de NE force  avec une mer belle. Lumière sur Tévennec !

LES NUITS DE TEVENNEC

Les nuits sont généralement paisibles à Tévennec. Enfin presque. Il y a eu bien sûr la nuit de la grande tempête le soir de Pâques. L’excitation du moment pour assister à cet événement en extérieur, autant que cela se pouvait pour des raisons de sécurité dans l’obscurité, a naturellement amputé de tout sommeil une partie de la nuit. A l’intérieur ce n’était que vacarme. Les vagues tombent sur la terrasse et claquent derrière la fenêtre. Un vent d’enfer fait mugir la lanterne pour jouer une symphonie de sifflements, de vrombissements et de bruits inconnus jusqu’alors. Rien de propice pour dormir. Mais le plus étonnant survient peu de temps après. Je suis réveillé en pleine nuit par des bruits sourds qui semblent provenir de l’étage. L’inspection des lieux au jour ne révèle rien. Le phénomène se reproduisant deux autres fois, je décide d’être prêt à un éventuel enregistrement. Quelques nuits plus tard, l’instant propice arrive. Muni de la lanterne à pétrole je décide de gravir doucement les marches de la tour afin d’enregistrer toute nouvelle manifestation de ces bruits inconnus. Un vent de suroît assez fort résonne depuis la lanterne. Ce son est habituel. Je le connais bien. Soudain des coups sourds répétés résonnent et dominent le bruit de fond, puis rien. Je monte encore quelques marches et perçois à nouveau une série de coups, moins nombreux. Je ne constate rien à l’étage cette nuit-là et le lendemain matin non plus. Je n’ai pas d’explication. Il doit y en avoir une.

Marc POINTUD

Depuis TÉVENNEC par 48°04’17 Nord et 04°47’43 Ouest par vent de SW force 4 avec une mer agitée. Lumière sur Tévennec !